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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/108

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Il disoit du feu roi d’Angleterre, Charles 1er : « C’est un veau qu’on mène de marché en marché ; enfin on le mènera à la boucherie. »


MADEMOISELLE DE GOURNAY

Mademoiselle de Gournay étoit une vieille fille de Picardie et bien demoiselle. Je ne sais où elle avoit été chercher Montaigne, mais elle se vantoit d’être sa fille d’alliance. Elle savoit et elle faisoit des vers, mais méchants. Malherbe s’étant moqué de quelques- uns de ses ouvrages, elle, pour se venger, alla regratter la traduction qu’il avoit faite d’un livre de Tite-Live qu’on trouva en ce temps-là, où il avoit traduit : Fecere ver sacrum par ils firent l’exécution du printemps sacré. Elle avoit fait un livre intitulé : L’Ombre ou les Présents de la demoiselle de Gournay. Dans ce livre il y avoit un chapitre des diminutifs, comme chauderon, chauderonnet, chauderonnelet Bois-Robert lui demanda un jour la raison du titre de ce livre. Elle ne la lui sut dire. « Il faut chercher, répondit-elle, dans mon cabinet d’Allemagne. » Mais après avoir bien fouillé dans tous les tiroirs, elle ne la trouva point.

M. le comte de Moret, le chevalier de Bueil et Yvrande lui ont fait autrefois bien des malices. Une fois, pour se moquer de quelques vers où elle avoit mis Tit pour Titus, ils lui envoyèrent ceux-ci :

Tit., fils de Vesp., roi du rond héritage

Des peuples inchrétiens qui cassèrent Carthage….


On dit que c’est Demarest qui les fit.

Ils en firent encore pour elle. Il y avoit en un endroit le