à son abbaye (elle s appelle Châtillon) ou à Rouen, où il étoit chanoine ; il aima mieux aller à Rouen.
Une fois que Bois-Robert alla au Petit-Luxembourg voir messieurs de Richelieu, madame Sauvay, femme de l’intendant de madame d’Aiguillon, lui dit dès qu’elle le vit : « Ah ! vraiment, monsieur de Bois-Robert, j’ai des réprimandes à vous faire. » Bois- Robert, pour se moquer d’elle, se mit incontinent à genoux. « Vous passez partout, lui dit-elle, pour un impie, pour un athée. — Ah ! Madame, il ne faut pas croire tout ce qu’on dit ; on m’a bien dit, à moi, que vous étiez la plus grande garce du monde. — Ah ! Monsieur, dit- elle en l’interrompant, que dites-vous là ? — Madame, ajouta-t- il, je vous proteste que je n’en ai rien cru. » Toute la maison fut ravie de voir cette insolente mortifiée.
Une fois, mademoiselle Melson, fille d’esprit, le déferra. Il lui contoit qu’il avoit peur qu’un de ses laquais ne fût pendu. « Voire, lui dit-elle, les laquais de Bois-Robert ne sont pas faits pour la potence ; ils n’ont que le feu à craindre. »
Le portier de Bautru donna une fois des coups de pied au cul au laquais de Bois-Robert. Voilà l’abbé dans une fureur épouvantable. « Il a raison, disoient les gens, cela est plus offensant pour lui que pour un autre. Aux laquais de Bois- Robert le c… tient lieu de visage : c’est la partie noble de ces messieurs-là. »
Pour montrer combien il se cachoit peu de ces petites complexions, il disoit que Ninon lui écrivoit, parlant du bon traitement que lui faisoient les Madelonnettes, où les dévots la firent mettre : « Je pense qu’à votre imitation je commencerai à aimer mon sexe. »
Il appeloit Ninon sa divine. Un jour il alla chez elle avec un fort joli petit garçon. « Mais, lui dit-elle, ce petit vilain vous vient toujours retrouver. — Oui, répondit-il, j’ai beau le mettre en métier, il revient toujours. — C’est,