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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/142

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voir des femmes et les baisoit et embrassoit charitablement un gros quart d’heure. Je ne saurois comment appeler cela ; mais, si c’est dévotion, c’est une dévotion qui aime fort les belles personnes, car je n’ai point ouï dire qu’il baisât comme cela que celles qui sont jolies. Il querella une fois la présidente Perrot de ce qu’elle s’étoit retirée après quelques baisers, et jura qu’il ne la traiteroit plus ainsi, si elle ne prenoit cela comme elle devoit.

Il est si brusque, comme j’ai dit, qu’en parlant à un parloir de carmélites il se fourra un fichon de la grille dans le front. En parlant il donne des coups de poing, aux gens. Madame de Rambouillet, qui savoit que M. de Grasse devoit dîner avec lui, écrivit en riant à ce petit prélat, « qu’il se gardât bien de se mettre à côté de M. d’Andilly, s’il ne vouloit être écrasé. »


ARNAULD (ANTOINE)

LE DOCTEUR

On l’appeloit le petit oncle, parce qu’il étoit plus jeune que son neveu Le Maistre, l’avocat. Celui-ci, sans doute, est le plus habile de ses frères, au moins en fait de littérature.

Voici l’origine de cette secte, qu’on appelle les Jansénistes, et qui fait aujourd’hui tant de bruit. La marquise de Sablé dit un jour à la princesse de Guémené : « qu’aller au bal, avoir la gorge découverte et communier souvent, ne s’accordoient guère bien ensemble » ; et la princesse lui ayant répondu que son directeur, le père Nouet, jésuite, le trouvoit bon, la marquise la pria de lui faire mettre cela par écrit, après lui avoir promis de ne le montrer à personne. L’autre lui apporta cet écrit ; mais la marquise le