chambre, et s’il a un garçon, on fait quitter à ce garçon son pourpoint, et tout cela, de peur qu’ils ne lui apportent du mauvais air. Une fois qu’elle étoit chez la maréchale de Guébriant, au faubourg Saint-Germain, elle disoit : « Ah ! que je suis empêchée ! par où m’en retournerai- je ? J’ai vu sur le Pont-Neuf un petit garçon qui a eu depuis peu la petite-vérole ; il demande l’aumône ; en le chassant, mes gens pourroient gagner ce mal, et il y a quelque chose au Pont-Rouge qui craque. » Enfin, quoiqu’elle logeât au faubourg Saint-Honoré, elle alla passer par-dessus le pont Notre-Dame. Dans cette visite, elle dit de mademoiselle de Guébriant : « Cette fille a de beaux endroits à l’esprit, mais quelquefois cet esprit fait des chutes si effroyables qu’il est en danger de se rompre le cou. »
Dans un temps qu’on parloit un peu de peste à Paris, elle crut avoir besoin de faire une consultation. Elle fit venir trois médecins auxquels on donna à chacun une robe de chambre, au lieu de leur manteau ; puis on les fit asseoir près de la porte d’une grande salle, au bout de laquelle étoit la marquise sur un lit ; et mademoiselle de Chalais alloit leur faire la relation du mal de madame, et rapportoit à madame leur sentiment, sans que jamais elle leur permît d’approcher d’un pas.
Une fois elle voulut faire faire son horoscope ; elle dit six ans moins qu’elle n’avoit. Mademoiselle de Chalais lui dit : « Madame, on ne sauroit faire ce que vous voulez si vous ne dites votre âge au juste. — Il se moque, il se moque, ce monsieur l’astrologue, répondit-elle ; s’il n’est pas content de cela, donnez-lui encore six mois. »
Avant que de loger dans une maison, elle fait enquête s’il n’y est mort personne, et on dit qu’elle ne voulut pas en louer une parce qu’un maçon s’étoit tué en la bâtissant.
Elle se fait celer fort souvent sans nécessité, et quelquefois ses éclipses durent si longtemps que l’abbé de La Victoire,