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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/148

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temps en temps quelque petit bruit, et tenoient une bougie allumée en lieu ou elle la pût voir en ouvrant les yeux. Pour cela elle avoit toujours ses rideaux levés. Menjot, médecin, son ami, l’a défaite de cela ; mais ce n’est que depuis la Saint- Jean 1665.


GOMBAULD

Gombauld est de Saint-Just, auprès de Brouage, d’honnête naissance, mais cadet d’un quatrième mariage, et par conséquent avec peu ou point de bien. Le père vivoit de ses rentes, et il en vivoit si bien qu’il les mangeoit. Il ne faisoit que chasser et faire bonne chère, et enfin il s’acheva de ruiner en procès. D’ailleurs ce garçon fut maltraité par ses cohéritiers, et faute d’avoir de quoi poursuivre, il n’en eut jamais aucune raison.

Son père, quoique de la religion, eut la faiblesse, se voyant chargé d’enfants, de consentir que celui-ci fût instruit dans la religion catholique, à Bordeaux, afin de le faire d’église. Il m’a dit, car il est huguenot à brûler, que naturellement il avoit de l’aversion pour la religion catholique, et que dès seize ans il cessa de lui-même d’aller à la messe et revint à nous, sans pourtant faire d’abjuration ni de connoissance, car il ne prétendoit pas nous avoir quittés, et choisissoit plutôt une religion qu’il n’en changeoit.

Il vint à Paris qu’il étoit encore fort jeune ; il fit d’abord connoissance avec le marquis d’Uxelles le rousseau. Cet homme avoit assez d’habitudes, et ne pouvoit bien faire les lettres dont il avoit besoin ; et dans les desseins de mariage ou de galanterie qu’il pouvoit avoir, il se servoit de Gombauld pour cela, et lui entretenoit un cheval et un laquais.

Gombauld fit assez de vers pour Henri IV, qu’il n’a