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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/18

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à la cour et Louis XIV, passant au faubourg Saint-Antoine faisait arrêter pour prendre de ses nouvelles. M. de Bellelièvre, garde des sceaux, invita un jour à souper, sur sa réputation d’homme d’esprit, un savetier, son voisin, qui vint apportant son écot, un chapon rôti. Il y avait à Paris, un peu comme maintenant, un « tout Paris » et, comme maintenant aussi, il était fort mêlé. À l’Arsenal, je crois, une duchesse s’attira une verte réponse, d’une simple bourgeoise reçue là, une Loiseau. « Mademoiselle, connaissez-vous des oiseaux qui soient cocus ? » — « Oui, Madame, il y a les ducs. »

La société du dix-septième siècle était, en somme, empreinte d’une grande bonhomie. Point de morgue, les rangs sont connus, inutile de les garder avec trop de soin : la partie finie, chacun se retrouvera à sa place.

Il faut dire aussi un mot de l’argent, qui, en ce temps-là comme en tous les temps, joue un grand rôle. Le noble qui est pauvre n’est pas méprisé, mais du moment qu’il ne peut tenir son rang, il est contraint de disparaître : sa place est prise aussitôt par le financier qui achète une terre féodale, une charge anoblissante, par l’homme d’esprit, s’il ne recule pas, en guettant l’occasion, devant l’état de parasite. Beaucoup de grands seigneurs sont très riches, mais leur fortune est à la curée. Les avares sont connus, notés et raillés. L’état écclésiastique ne confère aucun droit