Aller au contenu

Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à l’estime ; beaucoup d’abbés et même d’évêques mènent la vie du siècle ; quelques-uns sont mariés secrètement. Le mariage secret, appelé mariage de conscience, est un des usages curieux du dix-septième siècle. Plus d’un couple, reçu partout, est irrégulier ; mais on fait courir que c’est un mariage de conscience : la mort découvre la vérité, alors que l’on n’y pense plus. Marion de L’Orme avait été traitée avec un certain respect. On voit le président de Mesmes la reconduisant à son carrosse en cérémonie. Ninon ne bénéficie pas de la même indulgence ; mais les dévotes seules élèvent la voix contre elle. Les femmes d’esprit sourient sans mépris, si on parle d’elle. Telle prude, au moins d’apparence, ayant fait par hasard la connaissance de Mlle de L’Enclos, continue de la voir volontiers. Ainsi en arriva-t-il à Mme Paget ; il est vrai qu’elle était secrètement galante : on avait bavardé au sermon.

Il est un point sur lequel M. Monmerqué a fait quelques remarques qui ne sont point toutes exactes : ce sont les jugements littéraires de Tallemant des Réaux. En général, ils sont assez conformes à ceux que la tradition nous a légués. Pourtant, comme il juge cavalièrement La Fontaine et qu’il apprécie Pascal sans marquer d’enthousiasme, M. Monmerqué a relevé qu’au moment où rédigeait des Réaux, La Fontaine n’avait pas publie ses Fables et que les Provinciales