Aller au contenu

Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous avez menti, vieux b…, et quelques autres petites paroles de fils à père. ( 1 ) »

[(1) Un gentilhomme nommé Châtillon, disoit que, son père ayant fait apporter une omelette pour se ragoûter, ce bon homme s’amuse à causer, et lui la mangea presque toute. « Mon père me dit que j’étois un sot ; moi, rempli de prudence, je ne lui voulus pas donner un soufflet, mais je lui dis : — Tu as menti, vieux b… »(T.)]

Un jour qu’une femme, à qui il devoit de l’argent, l’étoit venu trouver qu’il étoit encore au lit, pour l’empêcher d’y revenir une autre fois, il l’alla conduire jusqu’à la porte de la rue tout nu, car il couchoit toujours sans chemise ; elle ne put jamais l’en empêcher. « Je vous rendrai, lui disoit-il, ce que je vous dois. »

On dit que lui, Fontenay, et quelques autres extravagants voulurent éprouver de quelle façon on tombe quand on est sur un arbre que l’on a coupé par le pied. On ne m’a su dire s’il y en eut de blessés.


DU MOUSTIER

Du Moustier étoit un peintre en crayon de diverses couleurs ; ses portraits n’étoient qu’à demi et plus petits que le naturel. Il savoit de l’italien et de l’espagnol, aimoit fort à lire, et il avoit assez de livres. C’étoit un petit homme qui avoit presque toujours une calotte à oreilles, naturellement enclin aux femmes, sale en propos, mais bonhomme et qui avoit de la vertu. Il était logé aux galeries du Louvre comme un célèbre artisan ; mais sa manière de vivre et de parler n’attiroit plus les gens que ses ouvrages. Son cabinet étoit pourtant assez curieux : il y avoit sur l’escalier une grande paire de cornes, et aux bas : « Regardez les vôtres ; et aux bas de ses livres : « Le diable emporte les emprunteurs de livres. »