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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/214

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de Richelieu, a été son galant ensuite. Les demoiselles se relâchoient, et tout alla à l’abandon. De Vannes se tourmenta tant qu’il lui fit donner l’ordre de se retirer. Depuis, ses parents la pressant d’aller trouver son mari, qui étoit passé en Allemagne, elle dit à madame de la Force qu’elle avoit du mal. Regardez quelle effronterie ! Cela pouvoit être vrai. On disoit qu’elle avoit donné une v…. à l’abbé d’Effiat. Elle a dit depuis à Rambouillet qu’elle avoit dit cela pour ne pas aller avec son mari, et au même temps elle lui avoua qu’elle avoit couché avec le comte du Lude.

Enfin elle changea de religion, afin qu’on ne la fît point sortir de Paris. Elle fut quelque temps aux Carmélites, à condition de ne point quitter ses quelques mouches, et de sortir deux fois la semaine. Un nommé Hacqueville étoit alors son galant. Les dévotes, voyant qu’elle ne prioit point Dieu les matins, et qu’elle ne faisoit que se mirer, lui ôtèrent ses miroirs. Le lendemain elle n’en trouva pas un ; on lui dit qu’elle n’en auroit qu’après avoir prié Dieu.

M. de Guise lui en a conté huit mois durant ; mais ils sont si visionnaires l’un et l’autre qu’on ne sauroit trop dire s’il en est rien arrivé. Rambouillet l’avertit que, dès qu’elle lui auroit fait quelque faveur, il la laisseroit là. Le maréchal d’Albert y alla ensuite.

Un nommé des Colombys, grand brutal, lui en conta, et lui donna sur les oreilles une fois. L’abbé de Bruc, frère de madame du Plessis-Bellière et de Montplaisir, s’y attacha ensuite. Il y va tant de gens que c’est une vraie cohue. Elle devient fort grosse ; elle a des affectations insupportables. Elle ne parle qu’à certaines gens ; ailleurs, elle dit les choses si languissamment, et avec une telle négligence, qu’elle ne daigne pas former les paroles.