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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/247

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que tous les artisans de la rue Saint-Honoré, approchant du Palais-Royal, ne s’entretenoient d’autre chose. On lui rapporta qu’un médecin nommé…… (1), qui servoit la maison, fit quelques vers où il rioit des amours de M. de Guise et de mademoiselle de Pons.

[(1) Le nom est en blanc dans le manuscrit.]

Tout ce qui touchoit cette fille étoit à son égard un crime de lèse-majesté ; de sorte que, sans s’informer si ce qu’on lui avoit dit étoit vrai, il fit monter ses gens chez cet homme, et il demeura à la porte tandis qu’on le bâtonnoit. Cela est assez vilain, ce me semble.

Un automne que la cour étoit à Fontainebleau, la demoiselle demeura chez sa belle-sœur de La Case, pour se baigner. On la purgea ; il se voulut purger aussi. Il prit de la même drogue, la même dose, et de la main du même apothicaire, disant qu’il en avoit besoin, et qu’il ne pouvoit pas se bien porter, puisque que mademoiselle de Pons étoit indisposée. Une fois, il lui prit je ne sais quelle vision ; sur ce qu’elle lui avoit dit qu’il ne l’aimoit point, de tirer son épée pour se tuer, disoit-il. On entendit un grand cri : on y courut ; elle se tuoit de lui dire : « Remettez votre épée, monsieur de Guise, remettez votre épée ; je crois que vous m’aimez plus que votre vie. »

M. d’Orléans le fit nommer son lieutenant-général en Flandre. Il ne put se résoudre à partir ; il envoya son train. Il fut fort long-temps en justaucorps ; mais il n’alla pas plus loin que Fontainebleau ; là, pour le moins aussi fou qu’a Paris, il prit des eaux parce qu’elle en prenoit ; il les prenoit à même heure qu’elle et avec les mêmes précautions ; soit qu’il fût plus échauffé qu’elle, il les rendoit fort mal, quoiqu’elle les rendît fort bien. Pour y remédier, il lui prit une de ses jupes, et se la mettoit quand il buvoit, et cela sérieusement. Toute la cour l’a vu en cet état quinze jours et davantage.