un filou ? Pierrot, prenez garde qu’il ne me vole. Je ne sais qui vous êtes, il me faudroit un répondant. — Je vous donnerai Bois-Robert. — Ce n’est pas ce qu’il me faut, ni à vous aussi. — Je vous donnerai donc Roquelaure. — Il est trop gascon (notez qu’il ne les connoissoit que de vue). — Mais quand j’aurois un répondant, qu’en seroit-il ? — Nous verrions ; vous passeriez quelque temps ici, car je suis changeante ; Pierrot vous serviroit. — Mais je n’ai rien, dit-il, il me faut entretenir. — Combien voulez-vous ? — Une pistole par jour. — Allez, dit-elle, je vous donne quarante sous. » Enfin il se coupa et nomma Rambouillet qu’il connoît. « Ah ! dit-elle, je prends celui-là pour répondant. » Ils se séparèrent là-dessus. Depuis, ce garçon s’est donné à M. de Noailles..
L’amourette de Villarceaux donna bien du chagrin à sa femme. Bois-Robert dit qu’un jour qu’il étoit allé à Villarceaux, car Villarceaux est son hôte à Paris, le précepteur de ses enfants voulut faire voir à Bois-Robert comme ils étoient bien instruits : il demanda à l’un d’eux : « Quis fuit primus monarcha ? — Nembrod. — Quem virum habuit Semiramis ? — Ninum. » Madame de Villarceaux se mit en colère contre le pédagogue. « Vraiment, lui dit-elle, vous vous passeriez bien de leur apprendre des ordures » ; et que c’étoit la mépriser que de prononcer ce nom-là chez elle. Villarceaux (1656) prit jalousie du maréchal d’Albret, qui, n’ayant pu rien faire chez Guerchy, qui logeoit vis-à- vis de Ninon, passa le ruisseau, et en conta à Ninon pour la deuxième fois. Il se vantoit hautement qu’il en étoit défait pour toujours. On verra dans les Mémoires de la Régence la persécution que les dévots firent à la pauvre Ninon, et le reste de ses aventures. En 1671, elle s’éprit d’un garçon de ma connoissance. Un jour, comme ils étoient ensemble en carrosse, elle remarqua que ce jeune homme remarquoit toutes les femelles qui passoient. « Hé ! vous lorgnez bien, » lui dit-elle ; et en disant ceci, elle lui