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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/268

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dans les derniers jours de sa vie devint amoureuse de Jésus- Christ. Elle se le figura comme un grand garçon, beau, de fort bonne mine. Ninon lui disant : « Je crois qu’il est blond. — Point, ma chère, vous vous trompez ; je sais, d’original. qu’il étoit brun. »


M. DE VILLARCEAUX, MADAME DE CASTELNAU
M. ET MADAME DE NOUVEAU

Villarceaux est fils d’un M. de Villarceaux, qui étoit un gentilhomme de qualité du Vexin françois ; sa mère étoit de Leuville, grande joueuse, qui avoit de l’esprit, mais fort médiocrement de cervelle. Au retour de Hollande, où il avoit porté les armes, quoiqu’il fût tout jeune, on parla de le marier à la fille d’une madame d’Espinay, dont le mari, qui étoit Girard, avoit gagné du bien, durant les troubles, à être gouverneur de Saint-Denis. La mère est de Châteaudun : elle a bien chanté autrefois. Ils se prirent d’amour tous deux ; et, moitié figue, moitié raisin, il en eut tout ce qu’il vouloit. Le lendemain elle lui écrivit qu’elle étoit au désespoir de ce qu’elle avoit fait, qu’elle vouloit mourir, etc. Cependant le mariage se rompt, et Castelnau-Mauvissière l’épouse. Villarceaux y retourne comme si de rien n’étoit ; et, dès que le mari fut à l’armée, voilà le commerce établi entre eux. Cela dura assez longtemps, quoique Villarceaux fût marié ; car il avoit épousé mademoiselle d’Esches, dont le frère étoit devenu fou d’amour pour mademoiselle de Gramont, aujourd’hui madame de Saint-Chaumont. Il fut dix ans sans vouloir sortir de son écurie ; depuis le mariage de sa sœur, il est revenu en son bon sens, et a épousé mademoiselle