Aller au contenu

Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HENRI IV

Si ce prince fût né roi de France, et roi paisible, probablement ce n’eût pas été un grand personnage : il se fût noyé dans les voluptés, puisque, malgré toutes ses traverses, il ne laissoit pas, pour suivre ses plaisirs, d’abandonner les plus importantes affaires. Après la bataille de Coutras, au lieu de poursuivre ses avantages, il s’en va badiner avec la comtesse de Guiche, et lui porte les drapeaux qu’il avoit gagnés. Durant le siège d’Amiens, il court après madame de Beaufort, sans se tourmenter du cardinal d’Autriche, depuis l’archiduc Albert, qui s’approchoit pour tenter le secours de la place.[1]

Il n’étoit ni trop libéral, ni trop reconnoissant. Il ne louoit jamais les autres, et se vantoit comme un Gascon. En récompense, on n’a jamais vu un prince plus humain, ni qui aimât plus son peuple ; d’ailleurs, il ne refusoit point de veiller pour le bien de son État. Il a fait voir en plusieurs rencontres qu’il avoit l’esprit vif et qu’il entendoit raillerie.

Pour reprendre donc ses amours, si Sébastien Zamet, comme quelques-uns l’ont prétendu, donna du poison à madame de Beaufort, on peut dire qu’il rendit un grand service à Henri IV, car ce bon prince alloit faire la plus grande

  1. Sigogne fit cette épigramme : Ce grand Henri, qui souloit estre L’effroi de l’Espagnol hautain Fuyt aujourd’huy devant un prestre Et suit le c-l d’une p….n. (T.)