jatte, est fils de Paul Scarron, conseiller à la Grand’Chambre, qu’on appeloit Scarron l’Apôtre, parce qu’il citoit toujours saint Paul. C’étoit un original que ce bonhomme, comme on voit dans le factum burlesque que le petit Scarron a fait contre sa belle-mère, qui est, peut-être, la meilleure pièce qu’il ait faite en prose. Le petit Scarron a toujours eu de l’inclination à la poésie ; il dansoit des ballets et étoit de la plus belle humeur du monde, quand un charlatan, voulant le guérir d’une maladie de garçon, lui donna une drogue qui le rendit perclus de tous ses membres, à la langue près et quelque autre partie que vous entendez bien : au moins par la suite vous verrez qu’il y a lieu de le croire. Il est depuis cela dans une chaise, couverte par le dessus, et il n’a de mouvement libre que celui des doigts, dont il tient un petit bâton pour se gratter ; vous pouvez croire qu’il n’est pas autrement ajusté en galant. Cela ne l’empêche pas de bouffonner, quoiqu’il ne soit quasi jamais sans douleur, et c’est peut-être une des merveilles de notre siècle, qu’un homme en cet état-là et pauvre puisse rire comme il fait. Il a fait pis, car il s’est marié. Il disoit à Girault, à qui il a donné une prébende du Mans qu’il avoit : « Trouvez-moi une femme qui se soit mal gouvernée, afin que je la puisse appeler p… sans qu’elle s’en plaigne. » Girault lui enseigna un jour la demoiselle de la mère de madame de La Fayette. Cette fille avoit eu un enfant, et n’avoit jamais voulu poursuivre un écuyer qui le lui avoit fait ; mais notre homme n’en fit que rire. Depuis il traita avec Girault de sa prébende, et, dans la pensée d’aller en Amérique. ; il croyoit rétablir sa santé, il épousa une jeune fille de treize ans, fille du baron de Surimeau, fils de d’Aubigny l’historien (1).
[(1) D’Aubigné.]
Ce Surimeau avoit tué sa première