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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/284

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de la Reine-mère de deux mille cinq cents ou trois mille livres : elle vit de cela, a une petite maison et s’habille modestement. Villarceaux y va toujours ; mais elle fait la prude, et cette année (1663), que tout le monde a masqué, jusques à la Reine-mère, elle n’a pas laissé de dire qu’elle ne concevoit pas comment une honnête femme pouvoit masquer.

La Cardeau, fille de cette célèbre faiseuse de bouquets qui en fournissoit autrefois à toute la cour, et qui est si connue par l’amour qu’elle a pour les femmes, est devenue amoureuse d’elle. Elle a fait en vérité tout ce qu’elle a pu pour avoir le prétexte d’y demeurer à coucher, et enfin il y a quelques jours que madame Scarron, étant sur des carreaux dans sa ruelle du lit, avec un peu de colique, cette fille, en entrant, se va coucher auprès d’elle et lui voulut mettre une grosse bourse pleine de louis en l’embrassant. L’autre se lève et la chasse.


SCUDÉRY ET SA SŒUR

Scudéry, à ce qu’il dit, est originaire de Sicile, et son vrai nom est Scudari. Ses ancêtres passèrent en Provence, en suivant le parti des princes de la maison d’Anjou. Son père s’attacha à l’amiral de Villars, et, pour l’amour de lui, s’établit en Normandie. Ce garçon-ci et sa sœur qui jusqu’en 1655 (il y a trois ans) a toujours demeuré avec lui, n’avoient guère de bien. Il a eu, comme il se vante, un régiment aux guerres de Piémont, avant la guerre déclarée contre l’Espagne. Il s’amusa après à faire des pièces de théâtre : il commença par Ligdamon et le Trompeur puni, deux méchantes pièces. Cependant il s’y étoit fait mettre en taille-douce avec un buffle, et autour ces mots :