Aller au contenu

Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et poète et guerrier

Il aura du laurier.


Quelqu’un malicieusement changea cela et dit qu’il falloit mettre :

Et poète et Gascon,

Il aura du bâton.


Il fit une préface sur Théophile, et il disoit qu’il n’y avoit eu, parmi les morts ni parmi les vivants, personne de comparable à Théophile. « Et s’il y a quelqu’un, ajoutoit-il, parmi ces derniers, qui croie que j’offense sa gloire imaginaire, pour lui montrer que je le crains aussi peu que je l’estime, je veux qu’il sache que je m’appelle de Scudéry. »

En une autre rencontre il écrivit une lettre à la louange d’une pièce de quelqu’un de ses amis ; elle commençoit ainsi : « Si je me connois en vers, et je pense m’y connoître, etc. » Et à la fin : « C’est mon ami, je le soutiens, je le maintiens et je le signe de Scudéry. » Dans la préface d’une pièce de théâtre, nommée Arminius, il met le catalogue de tous ses ouvrages, et il ajoute qu’à moins que les puissances souveraines le lui ordonnent, il ne veut plus travailler à l’avenir. En une lettre à sa sœur, il mettoit : « Vous êtes mon seul renfort dans le débris de toute ma maison. » Sa sœur a plus d’esprit que lui, et est tout autrement raisonnable ; mais elle n’est guère moins vaine : elle dit toujours : « Depuis le renversement de notre maison. » Vous diriez qu’elle parle du bouleversement de l’empire grec. Pour de la beauté, il n’y en a nulle : c’est une grande personne maigre et noire, et qui a le visage fort long. Elle est prolixe en ses discours, et a un ton de voix de magister qui n’est nullement agréable. Elle m’a conté qu’étant encore fort jeune fille un D. Gabriel, Feuillant, qui étoit son confesseur, lui ôta un roman où elle prenoit