Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/293

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et défaisant son pourpoint, il s’en donne après dans le cœur, et se jette sur un lit. La femme crie, mais foiblement. La servante accourt : on ILS trouve tous deux expirants. Le commissaire du quartier, qui étoit aussi un des galants de la dame, se trouva là par hasard, fit un procès-verbal, comme il falloit, pour étouffer l’affaire. Ils furent enterrés à Saint-Paul ; mais le curé ne voulut jamais mettre le garçon qu’avec les morts-nés. La veille, cette femme disoit à tout le monde : « Je n’ai plus guère à vivre ; donnez-moi un De profundis quand je serai morte. » Et ce jour-là même elle avoit été deux heures à confesse.

On trouva dans la poche de ce garçon une lettre de quatre côtés, adressante à sa sœur, où il disoit qu’il avoit été en Italie pour se défaire de sa passion, mais en vain. Il nommoit par leurs noms tous les galants de sa sœur, avouoit qu’il ne pouvoit souffrir qu’on la cajolât ; et qu’encore qu’il eût eu toutes les privautés imaginables avec elle, et qu’il ne pût douter qu’elle ne l’aimât mieux qu’eux, il ne pouvoit pourtant supporter qu’elle se laissât galantiser, et qu’il étoit persuadé que c’étoit plutôt par coquetterie qu’autrement qu’elle vouloit qu’il ne vécût plus avec elle, comme par le passé ; et après avoir dit qu’il vouloit finir cette inquiétude, il concluoit : « Il faut, ma chère sœur, que nous mourions tous deux à la fois. »


MONDORY OU L’HISTOIRE DES PRINCIPAUX COMÉDIENS FRANÇOIS

Agnan a été le premier qui ait eu de la réputation à Paris. En ce temps-là, les comédiens louoient des habits à la friperie ; ils étoient vêtus infâmement, et ne savoient ce qu’ils