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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/308

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TALLEMANT DES RÉAUX

pour s’éclaircir de la vérité, lui offrit le congrès. Elle est fille à cela ; elle en a bien fait pis ensuite.

Quand Langey eut des enfants, il s’en vantoit sans cesse. Un jour qu’il les montroit, Benserade lui dit : « Moi, Monsieur, je n’ai jamais douté que mademoiselle de Navailles ne fut capable d’engendrer. »


MADAME D’ESPAGNET, MADAME DE MORANGIS, GENS D’ÉGLISE, ETC.

Madame d’Espagnet, personne bien faite et spirituelle, femme du plus grand frondeur du parlement de Bordeaux, passoit pour une dévote, mais on découvrit ses intrigues par ce moyen. Une femme veuve, de qui elle se servoit, et chez laquelle étoient ses rendez-vous, fit un jour une confession générale, et elle dit toute la petite vie de la dame. Le confesseur trouva à propos, pour retirer madame d’Espagnet du vice, de lui en faire parler par son curé. Le Père Bonnet, curé de Sainte-Eulalie, qui étoit un assez galant homme, dit qu’il n’en croyoit rien. La veuve offre de la lui faire voir, dans le déduit, avec un minime, nommé le Père Romain. On l’enferma dans un cabinet, et il vit plus qu’il n’en voulut voir, car le bon curé croyoit être le seul qui jouit des embrassements de la dame, avec laquelle il étoit fort bien, il y avoit longtemps. Ce Père Bonnet sut ensuite toute l’histoire, et la conta à Darbo, de qui je la tiens. Le minime, ne gagnant rien auprès de madame d’Espagnet, s’adressa enfin à la confidente, et moyennant cent pistoles, quoique la dame dit qu’il sentoit trop l’huile, il en vint à bout. Elle les voulut compter l’une après l’autre, le moine les ayant apportées dans une bourse de velours