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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/315

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ma tête. »

Ce roman commence par l’histoire de madame de Rohan de Ruvigny et de Chabot. Madame de Rohan, sachant cela, pria Langey, qui connoît la demoiselle, de lui faire voir ce livre avant qu’on l’imprimât. Elle lut son histoire et pria de changer quelque chose. La fille, au lieu de lui faire voir le manuscrit corrigé, le donne au libraire, en disant qu’elle avoit fait ce qu’on avoit souhaité. Langey alla ensuite chez elle, et il fit tant qu’elle envoya sa sœur dire à l’imprimeur qu’on sursît jusqu’à nouvel ordre. Cette sœur en arrivant trouve un huissier, mené par un laquais de Langey, qui vient saisir les exemplaires. Cela fâcha fort la faiseuse de romans, et elle veut y mettre toute l’histoire du congrès (1).

[(1) Voir Historiette consacrée à madame de Langey.]

Cependant elle fut à M. le chancelier, qui dit : « Je veux voir l’histoire : qu’on m’apporte les exemplaires. » Il l’a lue, et n’y trouvant rien d’offensant pour madame de Rohan, il donna la main levée. J’ai lu l’ouvrage ; il n’y a pas grand chose, et madame de Rohan est bien au-dessous en toute chose de celle sous le nom de laquelle on a mis quelques endroits de son histoire. Ce livre est meilleur qu’on n’avoit lieu de l’espérer d’une telle cervelle ; il n’y a encore qu’un volume.

Mais voici une belle histoire de la demoiselle : L’hiver de 1660, à un bal où elle étoit, il y avoit un garçon appelé La Villedieu : il porte l’épée. Ce garçon sortit du bal, et puis revint en disant qu’on n’avoit jamais voulu lui ouvrir la porte chez lui, et qu’il il ne savoit où aller coucher. Notre rimeuse lui offrit son lit, et, tout en riant, il va avec elle et demeure à coucher. La mère, je pense, ou le père étoit ici ; elle alla coucher avec sa sœur. Ce garçon tombe malade cette nuit-là, et si malade, qu’il fut six semaines avant que de pouvoir être transporté. Elle eut tant de soin de lui durant son grand mal que, ne croyant pas en réchapper, il pensa être obligé à lui dire qu’il l’épouseroit, s’il en revenoit. Il