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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/320

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Mademoiselle de Guise, depuis princesse de Conti, fut cajolée de plusieurs personnes, et entre autres du brave Givry. On dit qu’en ayant obtenu un rendez-vous, elle s’avisa, par galanterie, de se déguiser en religieuse. Givry monta par une échelle de corde : mais il fut tellement surpris de trouver une religieuse au lieu de mademoiselle de Guise qu’il lui fut impossible de se remettre et il fallut s’en retourner comme il étoit venu Depuis il ne put obtenir d’elle un second rendez-vous ; elle le méprisa et Bellegarde acheva l’aventure. Il est vrai que’ de peur de semblable surprise, elle ne se déguisa point en religieuse. J’ai ouï dire que ce fut sur le plancher, dans la chambre de madame de Guise même qui étoit sur son lit, et qui, s’étant trouvée assoupie, avoit fait tirer les rideaux pour dormir. Mademoiselle de Vitry, confidente de mademoiselle de Guise, étoit la Dariolette. La belle, quand ce vint aux prises. fit ouf, la mère se réveilla, et demanda ce que c’étoit : « C’est, répondit la confidente, que mademoiselle s’est piquée en travaillant. »

Un fils de M. de Sancy, qui fut ambassadeur en Turquie, se fit Père de l’Oratoire. Un jour il passa par un couvent de Carmélites, fondé par quelqu’un de sa maison ; les religieuses ne lui firent pas plus d’honneur qu’à un autre. Il s’en plaignit ; comme il repassoit, la supérieure voulut réparer sa faute ; mais il y eut bien du mystère pour avoir la clef de la grille, et après pour lever le voile : enfin elle le leva : « Vraiment, lui dit-il, ma mère, la trouvant fort jaune, il falloit bien faire tant de cérémonie pour montrer ce visage d’omelette ! Baissez, baissez votre voile. ». Et il lui tourna dos.

Madame de Moret étoit de la maison de Bueil. N’ayant ni père ni mère, elle fut nourrie, je pense, chez madame la princesse de Condé, Charlotte de La Trémouille. Elle étoit