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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/325

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on avoit écrit qu’on lui envoyoit les maréchaux de Châtillon et de Brezé pour faire ce qu’il jugeroit à propos. Lui les fit languir long- temps dans le siège, et ne se hâta point de sortir. Quand il fut joint, on prend Diest, qu’il fait traiter de rebelle, disant qu’il étoit baron de Diest. Après on va à Tillemont. Il y avoit là dedans des vivres pour nourrir notre armée toute la campagne. M. de Châtillon, à cause de cela, fit tout ce qu’il put pour empêcher de la faire emporter d’assaut ; et durant qu’ils disputoient, les Anglois d’un côté, et les François, à leur exemple, de l’autre, ces derniers la prirent de force. On saccagea tout, on viola dans les églises mêmes, et depuis, dans les libelles imprimés durant les négociations de Munster, on a reproché aux François qu’une abbesse ayant dit qu’elle étoit l’épouse de Jésus-Christ, un François avoit répondu en riant : « Eh bien ! nous ferons Dieu cocu. »

Bois-Yvon, comme on lui parla de Dieu, dit : « Dieu est si grand seigneur et moi si petit compagnon ! Nous n’avons jamais eu de communication ensemble. » Ce Bois-Yvon étoit un homme persuadé de la mortalité de l’âme, et quand on lui voulut parler de se confesser, il s’en moqua, et dit qu’il lui restoit trente sous qu’on donneroit à des porteurs. qui, dans leur chaise, le porteroient à la voirie. Il mourut ainsi, et on n’en put obtenir autre chose. Etant malade une autre fois, je ne sais quel jeune moine lui parloit de Dieu : « Frère Jean, lui dit-il, ne me parlez point tant de Dieu : vous m’en dégoûtez. » Desbarreaux lui amena un confesseur : « Il n’est pas de ma croyance, dit-il » ; il lui dit aussi : « Faire ce que vous dites n’est pas de la vie que j’ai faite, et ce que vous faites n’est pas de la vie que vous menez. »

Monsieur s’avisa une fois de faire une espèce d’académie chez lui, où il mit pour rire plus de quatre personnes qui