Aller au contenu

Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Lui, enragé, met l’épée à la main, et la menace de la tuer : « Ah ! lâche, lui dit-elle, mettre l’épée à la main contre une fille ! » Ce garçon, surpris et confus, laisse tomber son épée. Elle fut si touchée de son étonnement, et le prit si fort pour une marque d’amour qu’après elle lui laissa tout faire.

On conte une chose assez notable de la fin de ce grand homme, Maurice de Nassau. Etant à l’extrémité, il fit venir un ministre et un prêtre, et les fit disputer de la religion ; et après les avoir ouïs assez longtemps : « Je vois bien, dit-il, qu’il n’y a rien de certain que les mathématiques (1). » Et ayant dit cela se tourna de l’autre côté, et expira.

[(1) On conte d’un prince d’Allemagne, for adonné aux mathématiques, qu’interrogé à l’article de la mort par un confesseur s’il ne croyoit pas, etc. : « Nous autres mathématiciens, lui dit-il, croyons que 2 et 2 font 4, et 4 et 4 font 8. » (T.)]

À l’âge de soixante-dix ans, ou peu s’en falloit, le maréchal d’Estrée alla voir madame Cornuel, qui, pour aller parler à quel qu’un, le laissa avec feu mademoiselle de Belesbat. Elle revint et trouva le bonhomme qui vouloit lever la jupe à cette fille : « Eh ! lui dit- elle en riant, monsieur le maréchal, que voulez-vous faire ? — Dame, répondit-il, vous m’avez laissé seul avec mademoiselle : je ne la connois point ; je ne savois que lui dire. »

Les États voulurent qu’on déclarât la guerre à l’Espagne parce qu’encore que nous les assistassions, leur pays ne laissoit pas d’être le théâtre de la guerre. Puis la bataille de Nortlingue avoit fort affoibli les Suédois. On gagna la bataille d’Avein, et au lieu d’aller à Namur ; qu’on eût pris (car l’épouvante étoit si grande qu’on a dit que le cardinal-infant faisoit tenir un vaisseau prêt pour s’en aller), on s’en alla pour joindre le prince d’Orange, à qui