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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/337

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une en Limousin et une à Paris.

Un homme qui fut en prison parce qu’il avoit quatre femmes, interrogé à la Tournelle pourquoi il en avoit tant épousé, répondit naïvement qu’il avoit voulu voir s’il en trouveroit une bonne ; que la première ne valoit rien du tout, la seconde guère mieux, la troisième n’étoit pas si méchante, la quatrième un peu meilleure que la précédente et qu’il espéroit enfin rencontrer ce qu’il cherchoit. On trouva qu’il disoit cela si bonnement qu’on se contenta de l’envoyer aux galères, pour punition de la folle entreprise qu’il avoit faite.

À propos de cela, outre la vigne qu’on dit que M. l’archevêque doit donner à celui qui au bout de l’an n’aura point de repentir de s’être marié, on dit qu’il y avoit un curé à Sainte- Opportune qui disoit au prône qu’il donneroit des pois pour le carême à ceux qui n’obéissoient point à leurs femmes. Quand il avoit questionné les maris, pas un n’emportoit de ses pois. Un crocheteur y alla, bien résolu d’en avoir ; le curé l’interroge sur la taverne, etc. : il ne le pouvoit attraper. « Prenez donc des pois » lui dit-il. Comme le crocheteur remplissoit son sac : « Vous deviez, ajouta-t-il, en prendre un plus grand. — Je le voulois, dit le crocheteur, mais notre femme n’a pas voulu. — Ah  ? je vous tiens, dit le curé : vous n’avez que faire de sac ; laissez mes pois. »

Un marchand de Bordeaux, dont je n’ai pu savoir le nom, étoit amoureux de la servante de sa femme, et afin de pouvoir coucher avec cette fille sans que sa femme s’en aperçût, il obligea un des garçons de la boutique à tenir sa place pour une nuit, après lui avoir bien fait promettre qu’il ne toucheroit point à madame. Ce garçon, qui étoit jeune, ne