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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/345

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Rabonny qui rabonnit les maris, et on y fait des neuvaines pour cela.

Le grand-prieur de La Porte disoit : « Je ne suis pas plus à mon aise que quand je n’avois que vingt-cinq mille livres de rentes ; cela ne me sert qu’à avoir plus de voleurs autour de moi. Mon sommelier dit que le vin lui appartient dès qu’il est à la barre, et n’a point d’autre raison à m’alléguer, sinon qu’on en use ainsi chez M. le cardinal ; le piqueur prétend que le lard est à lui dès qu’il en a levé deux tranches ; le cuisinier n’est pas plus homme de bien qu’eux, ni l’écuyer, ni les cochers ; sans parler du maître d’hôtel, qui est le voleur major, mais ce qui me chicane le plus, c’est que mes valets de chambre me disent : « Monsieur, vous portez trop long-temps cet habit ; il nous appartient. »

Une paysanne, comme on portoit en procession le chef de saint Marc, le jour de sa fête, par les vignes, qui avoient été gelées pendant la nuit, dit naïvement : « Haussez, Haussez-le bien haut, qu’il voie le beau ménage qu’il a fait. »

Les capucins de Grasse prirent un garçon qui voloit leurs fruits ; ils firent venir le père, qui lui dit : « Hé bien ! si tu ne veux rien valoir, fais-toi au moins capucin. »

Ma mère me dit un jour : « Pourquoi acheter des livres  ? N’avez- vous pas fait toutes vos études  ? »

M. de Vendôme, bâtard de Henri IV, passant à Noyon, logea aux _Trois-Rois. Le fils du maître de la maison, nouvellement reçu avocat, crut que sa nouvelle dignité l’autorisoit à aller faire la révérence à M. de Vendôme ; il y va. M. de Vendôme lui demande qui il étoit. « Monsieur, je suis le fils des Trois-Rois. — Le fils de trois Rois…. Monsieur,