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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/347

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quand le pain nous manque, nous nous ruons sur la chair. »

Rotrou, le poète comique, ou tragique, ou tragi-comique, comme il vous plaira, cajoloit une fille à Dreux, sa patrie. Elle le recevoit assez mal. On lui dit : « Vous maltraitez bien cet homme : savez-vous bien qu’il vous immortalisera  ? — Lui  ? dit-elle. Ah ! qu’il y vienne pour voir. »

Un intendant de Languedoc, dont la femme étoit morte dans Béziers, vouloit que la province la fît enterrer à ses dépens. Un député qu’on lui envoya lui dit que cela tireroit à conséquence. « Si c’étoit vous, Monsieur, on le feroit volontiers. »

Morin, le fleuriste (c’est le jeune), est une espèce de philosophe ; une fois qu’il étoit bien malade, son curé lui disoit : « Ramassez toutes vos peines et les offrez à Dieu. — Je lui ferois là, dit-il, un beau présent ! »

Un fou nommé Cyrano fit une pièce de théâtre intitulée la Mort d’Agrippine, où Séjanus dit des choses horribles contre les dieux. La pièce étoit un peu galimatias. Sercy qui l’imprima, dit à Bois-Robert qu’il en avoit vendu l’impression en moins de rien. « Je m’en étonne, dit Bois- Robert. — Ah ! Monsieur, reprit le libraire, il y a de belles impiétés. »


SUITE DES BONS MOTS ET NAïVETÉS [1]

Au sacre du coadjuteur de Rouen, une dame disoit qu’il lui sembloit sembloit

  1. Ce chapitre est extrait d’un manuscrit qui n’est plus attribué à Tallemant et que Monmerqué, trompé par le ton, avait inséré dans sa 2e édition. Les mots que l’on y trouvera n’en sont pas moins bons.