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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/353

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elle, parlons d’affaires d’état, à cette heure que j’ai cinq ans. » Il est vrai qu’en ce temps-là on ne parloit que de fronderie.

M. de Nemours, alors archevêque de Reims, lui disoit qu’il la vouloit épouser. « Monsieur, lui dit-elle, gardez votre archevêché : il vaut mieux que moi. »


MAUVAISES HABITUDES EN PARLANT

M. Le Mage, conseiller à la cour des aides de Paris, dit toujours chose au lieu du nom. Un jour, rapportant un procès, il vouloit dire : « Ils le prirent par son manteau » ; et il dit : « Ils le prirent par son chose. » Voilà tout le monde à rire. Le pauvre homme fut si déferré qu’il ne put jamais achever.

M. de Nesmond, premier président à Bordeaux ne pouvant trouver néant à propos, prononça : « La cour a mis, et met l’appellation au b….l. »

On fait un conte de lui assez plaisant. Il avoit à recevoir un procureur qui avoit été cuisinier. Il l’interrogea ainsi : « Que trouvez-vous le meilleur à un chapon de l’aile ou de la cuisse  ? — Distinguo dit l’autre, qui étoit bon compagnon ; quand il est rôti, l’aile ; quand il est bouilli, la cuisse. — Reçu procureur, dit le président. il a dit distinguo. »

Madame de Loménie, mère de M. de Brienne, disoit toujours sans que cela vînt à propos : Pour reprendre la façon.

Le frère aîné du président Le Feron, prévôt des marchands durant le blocus, en 1649 (je pense qu’il a été aussi président aux enquêtes) disoit toujours après quelques mots, non  ? d’un ton interrogateur : et puis il s’arrêtoit, comme s’il eût voulu demander l’approbation des assistants.