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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/352

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J’entends bien, disoit l’autre, ce que vous voulez dire. — Non, tout de bon, reprenoit-elle, elles dorment effectivement. — Voire ! je sais bien que les poupées ne dorment point, répliquoit l’autre. — Je vous assure que si qu’elles dorment, croyez-moi ; il n’y a rien de plus vrai. — Elles dorment donc, puisque vous le voulez, » dit la petite des Réaux avec un air dépité ; et en sortant elle dit : « Je n’y veux plus retourner, elle me prend pour un enfant. »

On lui demandoit laquelle étoit la plus belle, de madame de Longueville ou de madame de Châtillon, qu’elle appeloit sa belle mère. « Pour la vraie beauté, dit-elle, ma belle- mère est la plus belle. »

Elle disoit à un gentilhomme de son papa : « Je ne veux pas seulement que vous me baisiez en imagination. »

Elle faisoit souvent un même conte. Madame de Montausier dit : « Fi ! fi ! où avez-vous appris cela ? De qui le tient-elle  ? — Attendez, dit cet enfant, ne seroit-ce point de ma grand’maman de Montausier  ? » Cela se trouva vrai.

Elle disoit qu’elle vouloit faire une comédie : « Mais, ma grand’maman, ajoutoit-elle, il faudra que Corneille y jette un peu les yeux avant que nous la jouions. »

Un page de son père, qui étoit fort sujet à boire, s’étant enivré, le lendemain elle lui voulut faire des réprimandes. « Voyez-vous, lui disoit-elle. pour ces choses-là, je suis tout comme papa, vous n’y trouverez point de différence. »

« Ce Mégabase (C’est M. de Montausier dans Cyrus), quel homme est-ce à votre avis  ? lui dit madame de Rambouillet. — C’est un homme prompt, répondit-elle, mais il n’est rien meilleur au fond ; il est comme cela pour faire que les gens soient comme il faut. »

On lui dit : « Prenez ce bouillon pour l’amour de moi. — Je le prendrai, dit-elle, pour l’amour de moi, et non pour l’amour de vous. »

Un jour elle prit un petit siège et se mit auprès du lit de madame de Rambouillet. « Or çà, ma grand’maman, dit-