Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/362

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Ses traits divins sa grâce naturelle,

De son beau teint la fraîcheur éternelle,

De son beau sein la blancheur

immortelle,

Et ses beaux yeux plus brillants que le jour,

Sur mille cœurs exercent leur puissance.

Je l’aime aussi de toute mon amour,

Et honni soit celui qui mal y pense !


J’aime d’amour ses aimables esprits,

Ses doux accents, qui charment Philomèle

Et son esprit, délice des esprits,

Et sa vertu, des vertus le modèle ;

J’aime son cœur et constant et fidèle,

Qui des vieux temps la bonté renouvelle,

Chose si rare en l’empire d’Amour ;

Et de ses mœurs l’adorable innocence,

Chose si rare aux beautés de la cour !

Mais honni soit celui qui mal y pense !


Elle qui sait de mon amour le prix,

Qui voit ma flamme et si pure et si belle,

Qui voit mon cœur si sainement épris,

Qui reconnoît la grandeur de mon zèle,

M’honore aussi d’une amour mutuelle ;

Et maintenant qu’une absence cruelle

Ronge mon cœur comme un cruel vautour,

Sa belle main, consolant ma souffrance,

Par ses escrits me promet son retour ;

Mais honni soit celui qui mal y pense,


ENVOI


Jeunes blondins, qui soupirez pour elle

Et qui souffrez ses rigoureux mépris,

Si vous vouliez estre aimés de la belle

Il faudroit estre amants à cheveux gris,

Et ne l’aimer que d’amour fraternelle.

Mais de vous tous on diroit par la France,

Comme de moy l’on dit par tous pays :

Que honni soit celui qui mal y pense !


Jeunes blondins, qui soupirez pour elle

N’en attendez que rigoureux mespris ;

Pour espérer d’estre aimés de la belle,

Il faudroit estre amants à cheveu