Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/389

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pauvre M. Le Faucheur étoit bien mal. J’y vais vite, mais je trouve cette même fille au bas de l’escalier qui me dit : « Monsieur, c’est mademoiselle Le G… (1) qui veut vous parler. »

[(1) Nom de la veuve. On croit lire Le Goux ou Le Geay sous la rature. (M.)]

Je monte. Elle commence par des larmes et par des reproches, et me dit enfin qu’il falloit que je l’épousasse, ou que je lui fisse épouser mon beau-père. « Pour moi, lui dis- je, mes articles sont signés il y a long-temps, et ceux de mon beau-père futur le furent avant-hier » Elle se mit à tempêter, que je m’en repentirois, que quelque jour son fils seroit grand, que la petite Rambouillet ne seroit jamais que ma g…, et que si elle eût su cela, elle l’eût laissée tomber en la présentant au baptême. Elle est sa marraine. Je lui parlai doucement, la remis du mieux que je pus, et me retirai quand je la vis un peu apaisée. Cependant je fus en transes jusque devant l’arche que j’appris qu’elle n’étoit point au prêche ; car elle étoit si outrée que je craignois qu’elle n’allât faire quelque opposition ridicule. Sa sœur a été assez étourdie pour me dire depuis : « Il me semble que vous deviez marier ma sœur avec votre beau-père ; c’étoit le moins que vous fussiez obligé de faire pour elle. » Cette pauvre femme ne me sauroit encore voir sans surprise. J’ai eu du déplaisir à ne pouvoir l’assister en quelques affaires qu’elle a eues ; mais il n’y a jamais eu moyen d’en approcher. Elle hait le cardinal, et dit assez plaisamment que le soleil de mars est mazarin à cause qu’il fait mal à la tête. (Historiettes, X, 358 ; les Amours de l’auteur.)


§ 4 Bibliographie

Le manuscrit original des Historiettes de Tallemant des Réaux était conservé depuis plus d’un siècle par la famille Trudaine où