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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/49

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De vos faits à la mémoire

Dure à l’éternité !


Malherbe, sur-le-champ et sans en lire davantage, les retourna ainsi :

Que l’épée et la dague

Soient à votre côté ;

Ne courez point la bague

Si vous n’êtes botté.


Et là-dessus se retira, sans en dire autrement son avis.

Le Roi lui montra une autre fois la première lettre que M. le Dauphin, depuis Louis XIII, lui avoit écrite, et ayant remarqué qu’il avoit signé Loys sans u, il demanda au Roi si M. le Dauphin avoit nom Loys. Le Roi demanda pourquoi : « Parce qu’il signe Loys et non Louys. » On envoya quérir celui qui montroit à écrire à ce jeune prince pour lui faire voir sa faute, et Malherbe disoit qu’il étoit cause que M. le Dauphin avoit nom Louis.

Comme les États-généraux se tenoient à Paris, il y eut une grande contestation entre le clergé et le tiers-état, qui donna sujet à cette célèbre harangue de M. le cardinal du Perron. Cette affaire s’échauffant, les évêques menaçoient de se retirer et de mettre la France à l’interdit. M. de Bellegarde avoit peur d’être excommunie ; Malherbe lui dit, pour le consoler, que cela lui seroit fort commode, et que, devenant noir comme les excommuniés, il n’auroit pas la peine de se peindre la barbe et les cheveux.

Une autre fois il lui disoit : « Vous faites bien le galant ; lisez-vous encore à livre ouvert  ? » C’étoit sa façon de parler pour dire : Être toujours prêt à servir les dames. M. de Bellegarde lui dit que oui. « Ma foi, répondit-il, je vous envie plus cela que votre duché- pairie. »

Il y eut grande contestation entre ceux qu’il appeloit du pays d’A-Dieu-Sias (ce sont ceux de delà la rivière de Loire) et ceux deçà, qu’il appeloit du pays de Dieu vous conduise,