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MADAME LA PRINCESSE DE CONDÉ[1].


Mademoiselle de Montmorency n’avoit que quatre ans, qu’on vit bien que ce seroit une beauté extraordinaire. Madame de Sourdis, qui avoit gagné cinquante mille livres de rentes à la faveur de madame de Beaufort, sa nièce, et qui espéroit que cette aurore donneroit dans les yeux du Roi, fit dessein de la faire épouser à son fils, le marquis de Sourdis d’aujourd’hui, qui avoit trente mille livres de rente en fonds de terre, et à qui elle avoit fait apprendre toutes les choses imaginables. On disoit qu’il y avoit en lui de quoi faire quatre honnêtes gens, et que cependant ce n’étoit pas un honnête homme[2]. En cette intention elle la demande et offre de la prendre sans aucun bien. Le connétable accepte le parti ; mais madame d’Angoulême[3], bâ-

  1. Charlotte-Marguerite de Montmorency, née vers 1593, épousa le 3 mars 1609 Henri de Bourbon, deuxième du nom, prince de Condé. Elle mourut à l’âge de cinquante-sept ans, à Châtillon-sur-Loing, le 2 décembre 1650.
  2. On trouvera ci-après des détails sur le marquis de Sourdis dans l’article de madame Cornuel.
  3. Elle avoit épousé, en premières noces, le duc de Castro, frère du duc de Parme, Alexandre Farnèse. Elle n’eut point d’enfants. Puis elle fut maréchale de Montmorency. On lui donna, quand elle fut veuve, le domaine d’Angoulême, et monseigneur le duc d’Auvergne lui succéda. On conte une plaisante chose de cette princesse. Étant venue en hâte de Tours à Paris, elle laissa tout son train chez un chanoine, en dessein de retourner aussitôt à Tours. Ceux qu’elle avoit amenés avec elle à Paris