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tarde de Henri II, veuve du frère aîné du connétable, mais sans enfants, ayant deviné le dessein de la marquise, rompit le coup, et prit sa nièce chez elle, après la mort de la connétable, qui arriva bientôt après.

M. de Bassompierre, au bout de quelques années, voulut aussi la prendre sans bien ; mais, quoiqu’il fût bien fait et fort bien avec le connétable, et que l’affaire fût fort avancée, madame d’Angoulême la rompit. Bassompierre, depuis, c’étoit avant que M. le Prince fût mis dans la Bastille, fit tout ce qu’il put, mais en vain, pour faire accroire qu’il étoit bien avec mademoiselle de Montmorency[1].

La Reine-mère, quelque temps après, fit un ballet[2], dont elle mit les plus belles de la cour. Elle n’oublia pas mademoiselle de Montmorency, qui pouvoit avoir alors treize à quatorze ans. On ne pouvoit rien voir de plus beau, ni de plus enjoué[3] ; mais il y en avoit bien d’aussi spirituelles qu’elle pour le moins.

    lui disoient : « Mais, madame, nous ne sommes pas assez pour vous servir ; prenez donc quelqu’un. » Insensiblement on fit un nouveau train à Paris. Elle écrivoit toujours à Tours : « Je pars la semaine qui vient. » On tenoit ce train en bon état. Cela dura vingt-huit ans. (T.)

  1. Bassompierre dit positivement dans ses Mémoires que la main de mademoiselle de Montmorency lui étoit accordée par le connétable, et que le Roi descendit jusqu’à le prier en ami de renoncer à cette belle alliance. Le récit de Bassompierre est en partie confirmé par celui de Fontenay-Mareuil. (Mémoires de Bassompierre, deuxième série des Mémoires relatifs à l’histoire de France, tom. 19, pag. 385 et suiv. ; et Mémoires de Fontenay, première série de la même collection, tom. 50, pag. 15.)
  2. Ce ballet eut lieu au mois de février 1609. (Lettres de Malherbe à Peiresc. Paris, Blaise, 1822, pag. 62.)
  3. « Sous le ciel il n’y avoit lors rien de si beau que mademoiselle de Montmorency, ni de meilleure grâce, ni plus parfait. » (Mémoires de Bassompierre, ibid., pag. 388.)