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MADAME LA COMTESSE DE SOISSONS.


Le père de madame la comtesse étoit d’une maison de Piémont qu’on appeloit Montafié. Son père avoit épousé Jeanne de Coesme, du pays du Maine. Il n’eut qu’elle d’enfants ; on l’appeloit mademoiselle de Lucé. Son bien de France pouvoit être de vingt mille livres de rentes ou environ.

Le prince de Conti[1] épousa cette madame de Montafié[2], et M. le comte de Soissons[3] devint amoureux de mademoiselle de Lucé, qui passoit alors pour une des plus belles personnes de la cour ; et en effet, sans qu’elle avoit les yeux un peu trop hors de la tête, elle eût été parfaitement belle. Elle en usa comme elle devoit. M. le comte avoit beau être prince du sang, spirituel, beau, et de bonne mine, sans le sacrement il n’y avoit rien à faire. Feu M. de Guise s’en éprit aussi. On croit que cela ne servit pas peu à faire conclure M. le comte. Il l’épousa, et par sa qualité il tira du duc de Savoie, le bossu, qui ne l’eût pas fait autre-

  1. Troisième fils de Louis Ier, prince de Condé.
  2. La comtesse de Montafié, première femme de François de Bourbon, prince de Conti, mourut le 26 décembre 1601, et sa fille épousa le comte de Soissons le lendemain. (Voyez le Père Anselme, tom. I, pag. 334 et 350.)
  3. Charles de Bourbon, comte de Soissons, dernier fils de Louis de Bourbon, premier du nom, prince de Condé, né en 1566, mort en 1612.