Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/171

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sente, comme dame d’honneur de la Reine-mère, et, après lui avoir compté toute sa vie et comme elle avoit résisté aux poursuites amoureuses du feu roi Henri le Grand, il conclut son panégyrique par ces mots en la lui montrant : « Voilà, monsieur, ce qu’a fait la vertu. » Malherbe, sans hésiter, lui montra la connétable de Lesdiguières, qui étoit assise auprès de la Reine, et lui dit : « Voilà, monsieur, ce qu’a fait le vice[1]. »

Sa façon de corriger son valet étoit plaisante. Il lui donnoit dix sols par jour, c’étoit honnêtement en ce temps-là, et vingt écus de gages ; et quand ce valet l’avoit fâché, il lui faisoit une remontrance en ces termes : « Mon ami, quand on offense son maître, on

    des grands seigneurs qui la recherchoient, se donna à un gentilhomme de son voisinage, nommé M. de Silly, qui prit le nom de La Roche-Guyon. Le fils de cet homme-là épousa une fille de la maison de Pons. C’est cette madame de Guercheville. Elle demeura veuve fort jeune avec un seul fils, qui étoit le feu comte de La Roche-Guyon. Henri IV étant à Mantes, qui est près de ce lieu, fit bien des galanteries à madame de La Roche-Guyon, qui étoit une belle et honnête personne. Il y trouva beaucoup de vertu, et pour marque d’estime, il la fit dame d’honneur de la feue Reine-mère, en lui disant : « Puisque vous avez été dame d’honneur, vous le serez. » Entre deux, cette dame avoit épousé M. de Liancourt, premier écuyer de la petite écurie, et par pruderie elle se fit appeler madame de Guercheville, à cause qu’on appeloit alors madame de Beaufort madame de Liancourt. Le comte de La Roche-Guyon mort sans enfants, M. de Liancourt, en donnant le surplus en argent, eut la terre de La Roche-Guyon pour les conventions matrimoniales de sa mère. (T.) — L’abbé de Choisy rapporte dans ses Mémoires le fait relatif à Henri IV, que Tallemant s’est contenté d’indiquer ici. (Voyez les Mémoires de Choisy, tom. 63, pag. 515 de la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France.)

  1. Voir précédemment l’historiette du connétable, où sa femme joue un très-grand rôle.