Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/213

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Composé de cinq hommes
Et de quatre tambours,
Criant : Hélas ! nous sommes
À la fin de nos jours.

Maugars[1], célèbre joueur de viole, mais qui étoit un fou de bel esprit, avoit été au commencement de cette académie, et en fit des contes au cardinal de Richelieu, à qui il étoit. Pour se venger de lui, on lui fit refuser la porte. Il étoit enragé de cela, et un jour qu’il jouoit chez la comtesse de Tonnerre, la vicomtesse d’Auchy y vint. Il quitta aussitôt ce qu’il avoit commencé, et quoiqu’il ne chantât pas autrement, tant qu’elle fut là, il ne fit que chanter et jouer sur sa viole une chanson dont la reprise est :

Requinquez-vous, vieille,
Requinquez-vous donc[2].

Pour achever l’histoire de l’académie de la vicomtesse d’Auchy, je dirai que L’Esclache, qui montre la philosophie en françois, y parloit souvent. Cela fit envie à un nommé Saint-Ange, qui prouvoit, à ce qu’il disoit, la Trinité par raison naturelle, et qui siffloit de jeunes enfants sur la philosophie et la théologie, et les en faisoit répondre en françois, de s’introduire aussi chez la vicomtesse. Plusieurs personnes, hommes et femmes, alloient entendre ces perroquets.

  1. Tallemant lui consacre plus loin une Historiette dans ces Mémoires.
  2. C’est le refrain de la quatorzième chanson de Gaulthier Garguille (pag. 26 de l’édition de 1641, et 27 de la réimpression de 1758).