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trouva que c’étoit la maîtresse de M. de Guise.

Au combat contre les Rochellois, le feu se prit au vaisseau de M. de Guise. Feu M. de La Rochefoucauld lui vint dire : « Ah ! monsieur, tout est perdu. — Tourne, tourne, dit-il au pilote, autant vaut rôti que bouilli. »

On conte des choses assez plaisantes de ses amourettes[1]. Il étoit couché avec la femme d’un conseiller du parlement, quand le mari arriva de grand matin à l’improviste. Le galant se sauve dans un cabinet, mais il oublie ses habits. La femme ôte vite le collet du pourpoint et ce qu’il y avoit dans les pochettes. Le mari demande à qui étoient ces habits. « Une revendeuse, lui dit-elle, les a apportés, elle dit qu’on les aura à bon marché ; regardez s’ils vous sont bons ; ils vous serviront à la campagne. » Il met l’habit, et étant pressé d’aller au palais, il prend sa soutane par-dessus et s’en va. Le galant prend ceux du mari et s’en va au Louvre. Henri IV le regarde, et M. de Guise lui conte l’histoire. Le Roi envoie un exempt ordonner au conseiller de le venir trouver. Le conseiller, bien étonné, vient ; le Roi le tire à part, lui parle de cent choses, et en causant lui déboutonnoit sa soutane sans faire semblant de rien. L’autre n’osoit rien dire ; enfin tout d’un coup le Roi s’écrie : « Ventre saint-gris ! voilà l’habit de mon cousin de Guise. »

Une autre fois il dit à feu M. de Gramont qu’il avoit eu les dernières faveurs d’une dame qu’il lui nomma (le fils lui ressemble bien). M. de Gramont, quoique grand causeur, n’en dit rien. Quelques jours

  1. Je sais cela d’un parent de la dame, mais il ne l’a jamais voulu nommer. (T.)