Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/232

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après M. de Guise l’ayant rencontré, lui dit : « Monsieur, il me semble que vous ne m’aimez plus tant ; je ne vous avois dit que j’avois eu tout ce que je voulois d’une telle, qu’afin que vous l’allassiez dire, et vous n’en avez pas dit un mot. »

Une autre fois il fit bien pis, car ayant recherché une dame fort long-temps, et enfin étant couché avec elle, le matin de bonne heure il avoit de l’inquiétude et ne faisoit que se tourner de côté et d’autre ; elle lui demanda ce qu’il avoit : « C’est, dit-il, que je voudrois déjà être levé pour l’aller dire. »

Il contoit qu’un soir M. de Créqui lui donna une haquenée pour se retirer, et que cette haquenée, qui avoit accoutumé de porter son maître chez une dame, ne manqua pas d’y aller ; que là on le prit pour M. de Créqui, et que, sans trop de lumière, on le mena, son manteau sur le nez, par un escalier dérobé, dans une chambre où on le laissa ; puis que la dame y vint et qu’il profita de l’occasion. Il en donnoit un peu à garder.

Il avoit épousé la fille de M. Du Bouchage, frère de M. de Joyeuse, le favori. Elle étoit veuve de M. de Montpensier[1], dont elle n’avoit eu que feue Madame[2]. Cette madame de Guise étoit une fort honnête femme et fort dévote. Or le feu comte de Fiesque étoit un grand dévot et l’ami de madame de Guise. On demandoit un jour à M. de Guise : « Que feriez-vous si

  1. Un M. de Montpensier, aîné du père de celui-ci, mais qui n’eut point d’enfants, par je ne sais quelle bizarrerie, étant prince et marié, alloit toujours vêtu de long. (T.) C’est-à-dire en habit long, en robe et simarre.
  2. Première femme de Gaston, duc d’Orléans, et mère de mademoiselle de Montpensier.