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bonne chère que jamais. Sa fille de Jouarre ayant envoyé savoir de ses nouvelles, il lui manda que sur toutes choses il lui recommandoit de faire bonne chère et de la faire faire aussi à ses religieuses[1]. Il n’attendoit, disoit-il, que le bout de l’an pour traiter ses médecins qui l’avoient menacé d’une rechute, en ce temps-là, comme c’est l’ordinaire. Mais il ne fut pas en peine de les convier, car il mourut comme on le lui avoit prédit.




M. LE DUC DE LUYNES[2].


M. le duc de Luynes ne ressemble à sa mère en aucune chose. Il a furieusement dégénéré. Il fut marié de bonne heure avec la fille d’un Seguier[3], qui portoit le nom de Soret, d’une terre auprès d’Anet, et madame de Rambouillet disoit, voyant la fille unique de cet homme épouser le duc de Luynes : « Faut-il que le connétable de Luynes n’ait fait tout ce qu’il a fait que pour la fille de Soret[4] ? »

  1. Henriette de Lorraine-Chevreuse, abbesse de Jouarre, née en 1631, morte en 1694. Elle avoit servi d’intermédiaire à Anne d’Autriche pour les correspondances que cette Reine entretenoit avec la maison de Lorraine. (Voyez les Mémoires de La Porte, tom. 59, pag. 335 de la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France.)
  2. Louis-Charles d’Albert, duc de Luynes, né le 25 décembre 1620, mort le 10 octobre 1690. On a de lui beaucoup d’ouvrages ascétiques, dont on trouve l’indication dans le Dictionnaire des ouvrages anonymes de Barbier, tom. 4, tables, pag. 379 ; Paris, 1827.
  3. Louise-Marie Seguier, marquise d’O, fille unique de Pierre Seguier, maître des requêtes, marquis de Soret.
  4. Elle avoit raison de parler ainsi, car cet homme étoit le plus indigne de vivre qui fut jamais. Il avoit été conseiller au parlement. Son père étoit mort président à mortier ; mais il quitta la robe et prit l’épée, lui qui n’étoit qu’un poltron. Il épousa la fille du procureur-général de La Guesle, de cet homme qui pensa mourir de regret d’avoir introduit,