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les flammes avec ce mot, qui se rapportoit à lui :

 Mas pinada
Minos arreperiado[1].


Le Roi, irrité de cela, le fit tuer dans le Prado, d’un coup de mousquet, qu’on lui tira dans son carrosse, et puis on cria : E por mandamiento del Rey.

On conte sa mort diversement ; d’autres disent que le Roi, en passant devant la maison d’un grand seigneur de la cour, qui avoit fait assassiner le galant de sa femme, dit au comte de Villa-Medina, qui étoit dans le carrosse de S. M. : « Escarmentar condé[2], » et que le comte lui ayant répondu : « Sagradissima majestad, en amor no aye scarmiento, » le Roi, le voyant si obstiné, avoit résolu de s’en défaire.

On a une pièce imprimée qui s’appelle la Gloria di niquea[3]. Elle est de la façon du comte de Villa-Medina, mais d’un style qu’ils appellent parlar culto, c’est-à-dire Phébus. On dit que le comte la fit jouer à ses dépens à Aranjuez. La Reine et les seules dames de la cour la représentèrent. Le comte en étoit amoureux, ou du moins par vanité il vouloit qu’on le crût, et, par une galanterie bien espagnole, il fit mettre le feu à la machine où étoit la Reine, afin de pouvoir l’embrasser impunément. En la sauvant comme il la tenoit entre ses bras, il lui déclara sa passion et l’invention qu’il avoit trouvée pour cela[4].

On m’a conté (et cela vient d’une demoiselle Ber-

  1. « Plus elle s’élève, moins on peut la retrouver. »
  2. « Profitez de l’exemple d’autrui. » (T.)
  3. Le sujet de cette pièce est emprunté de l’Amadis de Gaule.
  4. C’est Élisabeth de France, fille de Henri IV, épouse de Philippe IV,