Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/325

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jour il la trouve seule, il la presse, et ayant rencontré l’heure du berger, il en obtint plus d’une fois ce qu’elle avoit résolu de ne lui jamais accorder. Elle devient grosse ; il la va voir, et lui dit qu’il est tout prêt à l’épouser. Cette fille lui répond qu’il est vrai qu’elle est en danger de se perdre, mais qu’elle le hait plus que jamais ; qu’elle ne comprend point comme quoi elle l’avait laissé faire, et qu’elle n’en sauroit dire de raison ; enfin il n’en put venir à bout, et cessa de l’importuner. Je n’ai jamais pu savoir le nom de la fille ni de l’homme, car on ne me les a pas voulu dire, mais la chose est véritable.

Au commencement de la régence de la feue reine Marie de Médicis, une mademoiselle Violan devint si folle d’un cavalier, que, sans se soucier de toute la parenté qui s’en remua, elle prit ce qu’elle put à son mari, et alla chez cet homme, qui fut si sot que de la garder trois jours dans son logis. On informe contre lui, on obtient prise de corps. M. d’Humières, avec quatre cents chevaux, le sauve et le tire hors de Paris. On décrète contre M. d’Humières. Enfin cette femme revint, et depuis elle fut aussi folle de son mari qu’elle l’avoit été du cavalier, et cela a duré tant qu’elle a vécu.

Un garçon de fort médiocre condition de Paris, qui traînoit toujours une épée, badinoit fort avec les filles de son quartier, et en mettoit quelques-unes à mal. Un jour, amoureux de la fille d’un mercier, il trouve moyen, sous de faux donner-à-entendre, de la mener promener au bois de Vincennes, et lui fait faire bonne collation. On ne fait pas tant de façons parmi ce petit monde ; après il lui dit son besoin et la presse fort ; elle résiste et lui arrache quelques cheveux. Lui, enragé, met l’épée à la main et la menace de la tuer : « Ah ! lâ-