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de Bruxelles, où elle étoit bien traitée par les Espagnols qui lui donnoient douze mille écus par mois, dont elle étoit fort bien payée, et depuis cela ne fit qu’errer et vivoter misérablement. Saint-Germain[1] ne savoit rien du dessein de la Reine-mère. Le cardinal-infant en étoit persuadé, et lui donna pour vivre une prévôté de douze mille livres de rente ; peut-être vouloit-il l’avoir pour le faire écrire contre le cardinal. Cet homme revint à Paris à la mort du cardinal de Richelieu, car il avoit autant de revenu que cela en une autre prévôté en Provence, et n’a point voulu jouir de celle de Flandre, afin qu’on ne le pût pas accuser de commerce avec l’ennemi. Il vit ici chez sa sœur, à qui il donne douze mille livres de pension. Il a encore trois mille livres de rente d’ailleurs, et quand il tire quelque chose de ses appointements, car il a je ne sais quel emploi ou quelque pension, il le distribue aux deux filles de cette sœur. Il ne veut point disposer de ses deux prévôtés, parce qu’il dit que c’est usurper le droit des collateurs.

Le cardinal, pour avoir l’amirauté et être absolu aussi bien sur mer que sur terre, fit courir le bruit que quelques galions d’Espagne de la flotte des Indes s’étoient perdus vers Bayonne, et fit savoir cette nouvelle au Roi. Au même temps plusieurs personnes apostées disoient à Sa Majesté que, faute d’avoir quelqu’un qui prît soin des naufrages, on perdroit toute la charge de ces galions, et qu’il seroit nécessaire de faire un maître et surintendant de la navigation, et tout d’un trait

  1. Celui qui a tant écrit contre le cardinal. Il s’appelle de Mourgus, et est de Paris. (T.)