Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/398

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étoit admirable et délicat. Il n’y a que l’Instruction des curés qui soit de lui ; encore a-t-il pris des uns et des autres ; pour le reste, la matière est de Lescot, et le françois de Desmarest[1]. Il avoit fait une comédie qui étoit fort ridicule, et il la vouloit faire jouer. Madame d’Aiguillon et le maréchal de La Meilleraye firent agir Boisrobert pour l’en détourner. Le pauvre homme en fut disgracié quinze jours. Desmarest avoit des peines enragées avec lui. Il falloit se servir de ses pensées ou du moins les déguiser. Depuis, il ne fut pas si docile ; il croyoit écrire mieux en prose que tout le reste du monde, mais il ne faisoit état que des vers. Il a écrit en un endroit de son Catéchisme ces mots : « C’est comme qui entreprendroit d’entendre le More de Térence sans commentaire. » C’est signe qu’il avoit bien lu Térence[2]. Il y a encore deux autres livres de lui ; le premier s’appelle la Perfection du chrétien[3]. Dans la préface il dit qu’il a fait le livre pendant les désordres de Corbie. C’est une vanité ridicule. Quand cela seroit, à quoi il n’y a nulle apparence, car il n’en avoit pas le loisir et avoit assez d’autres choses dans la tête, il ne faudroit pas le dire.

  1. Le Catéchisme a été corrigé depuis par Desmarest, qui l’a mis en l’état où on le voit aujourd’hui. (T.)
  2. Ce n’est pas dans son Catéchisme intitulé : Instruction du chrétien, que le cardinal commit la singulière erreur que Tallemant signale ici. C’est dans les Principaux points de la Foi catholique, défendus contre l’écrit adressé au Roi par les ministres de Charenton ; Poitiers, 1617, in-8o. Il y traduit Terentianus Maurus, qui est le nom d’un grammairien, par le Maure de Térence, croyant que cet auteur avoit laissé une pièce de ce titre dont il étoit question dans le passage qu’il avoit à traduire.
  3. Paris, 1646, in-4o.