Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/44

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comme vous voilà fait ! Combien avez-vous de pension ? — Tant, Sire. — Je vous donne le double, et soyez mieux habillé[1]. »

Allant à la foire Saint-Germain, il trouva un jeune garçon endormi ; un assez bon prieuré vaquoit, plusieurs personnes étoient après, à qui l’auroit. « Je le veux donner, dit-il, à ce garçon, afin qu’il se puisse vanter que le bien lui est venu en dormant. » Ce jeune garçon s’appeloit Benoise[2] ; il le prit en affection et le fit secrétaire du cabinet. Ce Benoise avoit soin de lui tenir toujours des plumes bien taillées, car le Roi écrivoit assez souvent. Un jour, pour essayer si une plume étoit bonne, Benoise avoit écrit au haut d’une feuille ces mots : Trésorier de mon épargne. Le Roi ayant trouvé cela, y ajouta : « Payez présentement à Benoise, mon secrétaire, la somme de trois mille écus, » et signa. Benoise trouva cette ordonnance et en fut payé.

On dit que Fernel[3] dit à Henri II, qu’il falloit se résoudre à voir la Reine durant ses mois, parce qu’il croyoit que la partie étoit trop foible, et que c’étoit ce qui l’empêchoit de concevoir. Le Roi eut de la peine à y consentir ; il le fit pourtant. Aussitôt les mois cessèrent. Fernel conclut que la Reine avoit conçu ; mais le premier enfant fut si malsain, qu’il

  1. La Biographie universelle, tom. II, pag. 228, donne pour acteurs à cette scène Henri IV et Desportes, ce qui n’a nulle vraisemblance, car Desportes, titulaire de plusieurs abbayes, jouissoit d’un revenu considérable (voir ci-après son Historiette), et n’avoit pas besoin qu’on doublât son revenu pour être vêtu convenablement.
  2. De là est venu M. Benoise de Paris. (T.)
  3. Célèbre médecin et mathématicien, né en 1497, mort le 26 avril 1558.