échappé, mais il y a laissé des plumes. » Madame de Randan, mère du cavalier, qui étoit présente, répondit : « Ce ne sont que de celles de la queue ; cela ne l’empêchera pas de voler. » Elle disoit plaisamment qu’elle envoyoit assez souvent ses pensées au rimeur ; c’est-à-dire qu’elle les envoyoit à Desportes pour les rimer. Elle fit pourtant des vers elle-même, mais ce ne fut qu’à quarante ans. On a remarqué, soit qu’effectivement elle fût encore belle, ou que s’étant mise à étudier, elle en fût devenue encore plus spirituelle et plus divertissante, qu’elle a fait beaucoup plus de bruit à cet âge-là qu’en sa jeunesse.
On fit cette épigramme à laquelle elle répondit :
Contre toute loi naturelle,
Vous renversez le droit humain :
La plus jeune[1] est la m.........
Et la plus vieille est la p.....
Elle la retourna ainsi :
Selon toute loi naturelle,
C’est conserver le droit humain :
La plus laide est la m.........
Et la plus belle est la p.....
Elle fit la Magdelaine en trois parties ; c’étoient pour la plupart des traductions du Tansille[2]. Elle les
- ↑ Mademoiselle de Vitry, sa sœur, qui ne fut point mariée. Il en est parlé précédemment dans l’Historiette de la princesse de Conti.
- ↑ Tansillo (Louis), poète italien, né à Venosa vers 1510, mort à Teano, dans le royaume de Naples, en 1568. Ses principaux ouvrages sont : Il Vendemmiatore, poème dont la première édition parut à Naples, in-4o, 1534 ; le Lagrime di san Pietro ; il Podere, poèmes, et des Sonetti et Canzoni.