Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/152

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car il voyoit bien que tout seroit mangé. Enfin, après que tout fut dit, il s’en va tout furieux trouver M. de Bérulle : « Vraiment, lui dit-il, vous êtes un plaisant homme de vous endormir comme cela sur le calice : allez, vous n’en valez pas mieux pour cela. »

Une fois que le conseil étoit au pavillon de Charenton[1], il pria M. d’Effiat, alors premier écuyer de la grande écurie, de l’y mener pour quelque affaire. Mulot fut d’abord expédié, car on lui refusa ce qu’il demandoit. Chagrin du mauvais succès, il presse peu civilement d’Effiat de s’en retourner. « Je n’ai pas fait encore. — Ah ! me voulez-vous laisser à pied ? — Non, mais ayez patience. » Il grondoit. « Ah ! mons de Mulot, mons de Mulot, dit d’Effiat avec son accent d’Auvergnat. — Ah ! mons Fiat, mons Fiat, répond Mulot, quiconque alongera mon nom, je lui raccourcirai le sien ; » et, tout en colère, il s’en alla à pied.

Un jour qu’il avoit bien la goutte, Boileau rencontra son laquais : « Comment se porte ton maître ? lui dit-il. — Monsieur, il souffre comme un damné. — Il jure donc bien ? — Monsieur, répliqua naïvement le laquais, il n’a de consolation que celle-là dans son mal. »

Bois-Robert alla en Angleterre avec M. et madame de Chevreuse au mariage de Madame[2] pour y attraper quelque chose. Il y tomba malade, et fit une élégie

  1. Ce pavillon, construit en briques et en pierres de taille, dans le style de la Place-Royale, est placé à l’entrée de Charenton du côté de Paris. On croit qu’il a été bâti pour Gabrielle d’Estrées.
  2. Henriette-Marie de France épousa en 1625 le prince de Galles, depuis Charles Ier