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b..... de campagne, et feu Renaudot, le gazetier, donnoit le titre de femme de campagne du duc de Lorraine à madame de Cantecroix.

Bois-Robert témoigna en l’affaire de Mairet que je vais conter, non-seulement de la bonté, mais de la générosité. Mairet[1] lui avoit rendu de mauvais offices auprès de feu M. de Montmorency[2], et avoit bafoué ses pièces de théâtre ; cependant, se voyant réduit à la nécessité, ou de mourir de faim, ou d’avoir recours à Bois-Robert, il va trouver M. Chapelain et M. Conrart, leur dit que M. le cardinal avoit répondu à madame d’Aiguillon et à M. le grand-maître, que Bois-Robert et lui feroient cela, et qu’ils n’en parlassent plus ; qu’il reconnoissoit sa faute, et que s’ils vouloient parler pour lui à M. de Bois-Robert, il pouvoit les assurer qu’à l’avenir on auroit tout sujet d’être satisfait de son procédé ; ils parlèrent à Bois-Robert, qui leur dit : « Je veux qu’il vous en ait l’obligation. » En effet, il dit au cardinal : « Monseigneur, quand ce ne seroit qu’à cause de la Silvie, toutes les dames vous béniront d’avoir fait du bien au pauvre Mairet. » Le cardinal lui donna deux cents écus de pension. Bois-Robert les porta à M. Conrart. Mairet l’en vint remercier, et se mit à genoux devant lui.

Quand on fit l’Académie, Bois-Robert y mit bien des passe-volants[3]. On les appeloit les enfans de la pitié

  1. Jean Mairet, auteur de la Sophonisbe, première tragédie conforme à la règle des trois unités qui ait paru sur le Théâtre-François. Jouée en 1629, elle fait encore partie du Répertoire du Théâtre-François.
  2. Mairet, attaché au duc de Montmorency, comme l’un de ses gentilshommes, recevoit à ce titre quinze cents livres de pension qu’il perdit à la catastrophe du duc.
  3. On appeloit passe-volants de faux soldats non enrôlés qu’un ca-