Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Boisrobert. Par ce moyen, il leur fit donner pension. Il s’appelle, en je ne sais quelle épître imprimée, car son volume d’épîtres est ce qu’il a fait de meilleur, Solliciteur des Muses affligées. Il envoyoit souvent la pension à ces pauvres diables d’auteurs, et à loisir il se remboursoit. Il s’est brouillé bien des fois avec le cardinal pour avoir parlé trop hardiment pour le tiers et pour le quart ; mais souvent il disoit au cardinal tout ce qu’il vouloit, quoique le cardinal ne le voulût pas. Il savoit son faible, et voyoit bien que Son Éminence aimoit à rire.

M. le maréchal de Vitry, ayant été mis dans la Bastille, envoya prier Bois-Robert à dîner, lui fit grand’chère, et lui fit promettre de dire telle et telle chose au cardinal. Bois-Robert le soir entre dans la chambre de Son Éminence : « Ah ! voilà le Bois, voilà le Bois, » dit le cardinal. (Il l’appeloit ainsi à cause que M. de Châteauneuf, pour obliger Bois-Robert à le servir auprès de certaines filles de sa connoissance, lui avoit scellé le don d’un certain droit sur le bois qui vient de Normandie, quoique cette affaire eût été rebutée cent fois.) « Eh bien ! le Bois, quelles nouvelles ? » car il le divertissoit à lui conter ce qu’il avoit appris. « Monseigneur, je vous dirai premièrement que j’ai fait aujourd’hui la plus grande chère du monde ; vous ne devineriez pas où : à la Bastille, dans la chambre de M. de Vitry. — Oui ! dit le cardinal. — Monseigneur, vous ne sauriez croire qu’il est devenu savant. Il m’a voulu prouver par des passages des Pères, que frap-

    pitaine faisoit passer aux revues pour montrer que sa compagnie étoit complète. (Dict. de Trévoux.)