Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/164

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madame de Lansac, gouvernante de M. le Dauphin, et lui demande conseil. Madame de Lansac est d’avis d’en avertir le cardinal ; Bois-Robert dit qu’il ne le veut point, que ce n’est qu’une boutade de jeune homme, qu’il ne sauroit se résoudre à lui nuire. Depuis, M. le Grand cherchoit Bois-Robert partout, et Bois-Robert l’évitoit. Il se met dans l’esprit que Bois-Robert lui avoit fait un méchant tour. Il parle mal de lui au Roi, et se sert de tout ce qu’on avoit dit contre Bois-Robert. C’est à cause de cela que le Roi disoit que Bois-Robert déshonoroit la maison de son maître. Voilà principalement sur quoi le Roi se fondoit. Bois-Robert ayant découvert au cardinal que Saint-Georges, gouverneur du Pont-de-l’Arche, prenoit tant sur chaque bateau qui remontoit, et qu’on appeloit ces bateaux des cardinaux, Saint-Georges fut chassé, et pour se venger, il dit que Bois-Robert avoit vitupéré son fils, qui étoit page du cardinal. Palevoisin avoit fait pis, car il avoit dit la même chose devant quatorze personnes dans l’antichambre. Bois-Robert le sut, il prend le maréchal de Gramont. « Monsieur, lui dit-il, faisons venir le page. — Il est couché, dit-on. — Faisons-le lever. » Le page, qui ne savoit pas que son père eût fait cette calomnie, dit qu’il feroit démentir ou mourir tous ceux qui l’avoient dit ; le maréchal de Gramont fit tant, que Bois-Robert se contenta que Palevoisin dît en pleine garde-robe que tous ceux qui disoient qu’il avoit dit telle et telle chose de M. de Bois-Robert, en avoient menti. Voilà d’où venoit la haine de Palevoisin contre lui.

Bois-Robert étant à Rouen, le maréchal de Guiche, y allant comme lieutenant de roi de Normandie, de-