Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/169

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cela La Vrillière voulut l’ôter de dessus l’état. Bois-Robert eut l’insolence de lui mander qu’il feroit imprimer la satire. L’autre n’osa. « Ce n’est qu’un coquin, disoit Bois-Robert, il devoit me faire assommer de coups de bâton. » Il est vrai qu’un de mes étonnements, c’est que l’archevêque de Bordeaux[1] ait été battu deux fois, et Bois-Robert pas une.

Une fois que Bois-Robert alla au Petit-Luxembourg voir M. de Richelieu, madame Sauvay, femme de l’intendant de madame d’Aiguillon, lui dit, dès qu’elle le vit : « Ah ! vraiment, monsieur de Bois-Robert, j’ai des réprimandes à vous faire. » Bois-Robert, pour se moquer d’elle, se mit incontinent à genoux. « Vous passez partout, lui dit-elle, pour un impie, pour un athée. — Ah ! madame, il ne faut pas croire tout ce qu’on dit : on m’a bien dit, à moi, que vous étiez la plus grande garce du monde. — Ah ! monsieur, dit-elle en l’interrompant, que dites-vous là ! — Madame, ajouta-t-il, je vous proteste que je n’en ai rien cru. » Toute la maison fut ravie de voir cette insolente mortifiée.

Une fois mademoiselle Melson, fille d’esprit, le déferra. Il lui contoit qu’il avoit peur qu’un de ses laquais ne fût pendu. « Voire, lui dit-elle, les laquais de Bois-Robert ne sont pas faits pour la potence ; ils n’ont que le feu à craindre[2]. »

  1. Le cardinal de Sourdis reçut des coups de canne du duc d’Épernon et du maréchal de Vitry. (Voyez plus haut son Historiette.)
  2. Le portier de Bautru donna une fois des coups de pied au cul du laquais de Bois-Robert. Voilà l’abbé dans une fureur épouvantable. « Il a raison, disoient les gens, cela est bien plus offensant pour lui