Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/178

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nomme ainsi ceux qui sont trop délicats, et qui se piquent de raffiner en bonne chère. Il y avoit de plaisantes choses dans cette pièce, entre autres, que pour les beautés, ils consentoient qu’elles fussent journalières, mais point les cuisiniers. Il en mordoit deux assez fort, c’est-à-dire Sablé et Saint-Évremont, comme des gens qui ne trouvoient rien de bon, et qui de leur vie n’avoient donné un verre d’eau à personne. Avec le temps, ils le cajolèrent, et lui firent jeter sa pièce dans le feu. J’oubliois de dire que la principale maxime des Coteaux, c’est de ne manger jamais de cochon de lait[1].

Voici encore quelques-uns de ses démêlés. Costar, dans la Suite de la Défense de Voiture, alla mettre étourdiment, en parlant de la lettre du Valentin[2], de laquelle Girac a dit qu’elle sentoit le méchant comédien, qu’il y avoit des comédiens de ruelle, témoin cet abbé que nous estimons, etc., qu’on appelle l’abbé Mon-

  1. Le récit de Tallemant est conforme à celui de Saint-Évremont. M. de Saint-Surin, dans son Commentaire sur Despréaux, cite les divers personnages auxquels cette anecdote a été attribuée. Voici les vers de Despréaux (troisième satire) :

    Surtout certain hableur, à la gueule affamée,
    Qui vint à ce festin conduit par la fumée,
    Et qui s’est dit profès dans l’ordre des côteaux,
    A fait en bien mangeant l’éloge des morceaux.

  2. Voyez la Lettre quatre-vingt-quinzième de Voiture. Cette lettre, écrite de Gênes le 7 octobre 1638, est adressée à la marquise de Rambouillet. Le Valentin est un château situé auprès de Turin. La lettre de Voiture n’a rien de remarquable, et l’on partageroit volontiers l’avis de Girac.